C o m m u n i c a t i o n
& M a n a g e m e n t
C o m m u n i c a t i o n
& M a n a g e m e n t
r e c h e r c h e s - p r a t i q u e s
Co- dirigé par :
Yanita ANDONOVA, professeure des universités, Université Sorbonne Paris Nord, LabSic
Nicolas PEIROT, maître de conférences, Université Sorbonne Paris Nord, LabSic
Salma EL BOURKADI, enseignante-chercheuse, Université Sorbonne Paris Nord, Dicen-IdF, LabSic
L’objet de ce dossier est d’étudier les processus info-communicationnels dans le cadre des organisations où les plateformes numériques occupent une place de plus en plus prégnante. Nous définissons celles-ci comme des formes organisationnelles transformatrices du travail, des dispositifs socio-techniques marqués par des discours, des représentations et des imaginaires qui s’incarnent dans des pratiques professionnelles concrètes et des intermédiations spécifiques. Par leur capacité à accélérer les échanges, à bousculer les dynamiques professionnelles et à échapper aux réglementations sous couvert d’une idéologie de la désintermédiation, ces dispositifs semblent porteurs de reconfigurations majeures du point de vue de la communication des organisations.
Les plateformes s’inscrivent ainsi dans des discours hégémoniques portant sur les bienfaits de l’agilité et de l’autonomie dans un contexte d’incertitude du marché de l’emploi, de dévalorisation du travail et de poussée de l’individualisme. L’idéologie du travail en réseau, ainsi que la multiplication des injonctions à la flexibilité, à la réactivité, à la participation, à la créativité (Andonova, 2019) opèrent une dérégulation et génèrent une incertitude généralisée dont la plateformisation, c'est-à-dire la rationalisation des mises en relation à travers une plateforme numérique, est une des réponses. Nous assistons à un processus de banalisation des plateformes, au sens où celles-ci font l’objet d’une appropriation si ce n’est d’une domestication dans la vie quotidienne. Ces formes organisationnelles sont ainsi devenues omniprésentes dans tous secteurs d’activité confondus - et ce d’autant plus dans un contexte de crise sanitaire, propice à la généralisation du télétravail. De l’éducation à la santé, en passant par les secteurs des transports, de la banque, du commerce, des loisirs, de l’alimentation et de l’artisanat, les plateformes s’inscrivent dans une idéologie managériale (libéralisation du travail, accélération des échanges, travail collaboratif, économie créative) qui a déjà profondément marqué les manières de se former, de consommer, de faire du commerce et de travailler. Ce numéro s’intéresse à ce dernier aspect : celui du recours aux plateformes dans le cadre du travail, où les pratiques dites « collaboratives », les processus d’externalisation (crowdsourcing), les logiques de rationalisation et de quête de performance se trouvent revigorées par leur usage intense.
Ce dossier thématique s’adresse à des chercheurs d’horizons divers, appartenant à différentes disciplines scientifiques mais tous engagés dans une réflexion critique sur les plateformes, leurs logiques sous-jacentes et leurs conséquences sur l’individu et les collectifs au travail. Il s’agit d’étudier les questions de l’engagement (ou du désengagement) des travailleurs et de l’impact sur la santé au travail. Il peut également s’agir d’interroger les pratiques managériales émergentes qui s’appuient sur des plateformes ou les reconfigurations de dispositifs existants. Il est également possible d’étudier les discours qui justifient, légitiment ou accompagnent la plateformisation du travail, le monopole des plateformes dans des secteurs particuliers et les actions politiques et gouvernementales pour réglementer l’activité de ces entreprises et de leurs travailleurs. Les capacités de résistance individuelle et collective face à l’hégémonie des plateformes et la mise en place d’alternatives constituent des formes de détournement, de créativité et d’innovation pour reprendre le contrôle.
Faisant le constat de leur émergence puis de leur généralisation, les Sciences Humaines et Sociales (SHS) se saisissent des plateformes en tant qu’objet d’étude depuis les années 2010. Elles suscitent alors des travaux relevant de différentes approches et problématiques.
Dans le sillage des recherches portant sur les usages participatifs du web (Cardon, 2010), les plateformes ont été envisagées, notamment en Sciences de l’information et de la communication (SIC), comme le support de nouvelles formes de relation et d’échange et donc de nouvelles médiations. Si la question du travail n’est pas prioritaire, elle est abordée dans les travaux portant sur « l’instrumentalisation des réseaux socio-numériques » (Stenger & Coutant, 2011) ou encore sur le poids de l’idéologie de l’empowerment dans les stratégies des plateformes (Peirot, 2020). La question du travail ressort de façon plus saillante dans les recherches portant sur l’économie des plateformes. Il s’agit alors de se pencher sur l’exploitation économique des traces (Fuchs, 2014) et les formes de « travail des internautes » qui en découlent (Casilli, 2015). Les SIC se sont notamment penchées sur le modèle de l'intermédiation numérique (Matthews, 2015), sur la domination numérique et le digital colonialism à l’ère des plateformes (Bouquillion & Ithurbide, 2021) ou encore sur les liens entre les plateformes et l’industrialisation de certains secteurs. Il s’agit dès lors de montrer le « travail invisibilisé » qu’appelle la massification des plateformes de crowdfunding culturel (Rouzé & Matthews, 2018) ou encore la façon dont la plateformisation de la formation contribue à transformer le travail pédagogique (Moeglin, 2014; Bullich, 2018). Les plateformes sont également approchées au prisme des activités qu’elles agrègent et contribuent à construire (Beuscart & Flichy, 2018), interrogeant ainsi le « travail sur plateforme » (Flichy, 2019) ou les conditions d’exercice des travailleurs de plateformes (Abdelnour & Bernard, 2020 ; Aguilera, Dablanc & Rallet, 2018). Ces recherches peuvent alors entretenir un lien avec le champ des « platform studies », qui tend à mettre plus spécifiquement l’accent sur les dimensions matérielles et technoculturelles des plateformes (Montfort & Bogost, 2009). Les aspects organisationnels traversent ces recherches et sont particulièrement développés en sciences de gestion (Vercher-Chaptal et al. 2021). Les recherches en droit économique prolongent ces travaux en réfléchissant à la protection sociale des travailleurs qui dépendent des plateformes numériques (Gomez, 2018 ; Brugière & Nicot, 2019 ; Signorini, 2019).
Les travaux évoqués ci-dessus montrent ainsi la capacité des SHS à se saisir de la relation entre plateformes numériques et travail. Ils montrent également que cette relation a peu été problématisée jusqu’ici au prisme de la communication des organisations. Tout du moins, la réflexion sur les plateformes au travail apparaît morcelée. Les travaux sur le « phénomène collaboratif » dans les organisations (Gardère, Bouillon & Loneux, 2019) se sont ainsi penchés sur la « rationalisation de la coopération » induite par les plateformes (Chaudet, 2012), les injonctions propres aux réseaux sociaux d’entreprises (Imhoff, 2019), les reconfigurations de la communication des marques par les algorithmes (Jammet, 2018), les injonctions à la promotion numérique de soi (Dumas, 2018) ou le recrutement 2.0 (Larroche, 2013 ; Pélissier, 2020). C’est également la question de la santé qui est abordée dans les recherches portant sur l’hyper-connexion des community managers (Hassani, 2019) ou encore sur les espaces virtuels de travail des chauffeurs VTC (El Bourkadi, 2021). Les enjeux de mesure liés à ces dispositifs numériques sont également abordés dans les travaux portant sur les pratiques de gestion de communautés sur les plateformes sociales d’entreprise (Lambotte et al., 2018), sur la définition de l’engagement (Amato, Bernard & Boutin, 2021) et l’usage professionnel des métriques numériques dans le cadre des plateformes de réseaux socio-numériques (Alloing & Pierre, 2019).
Pourtant, malgré cette diversité, on ne recense que peu de travaux visant une mise en commun et une mise en discussion de ces enjeux autour de l’objet « plateforme » dans le champ de la communication des organisations. Une des raisons de cette aporie tient certainement aux difficultés conceptuelles que présente la notion de plateforme, comme le rappelait un récent appel à contributions de la revue Questions de communication (n°40/2021). Dès lors, en quoi cette notion peut-elle aider à penser les reconfigurations de la communication des organisations ? A l’heure d’une massification manifeste des plateformes numériques au travail, que la crise sanitaire n’aura fait que souligner un peu plus, à travers quels discours et dispositifs ces dernières se déploient-elles ? En somme, que font les plateformes numériques aux injonctions au travail, les modèrent-elles, les renforcent-elles ou au contraire contribuent-elles à les affaiblir ? Quelles sont les tensions info-communicationnelles introduites par la généralisation et la banalisation des plateformes dans le champ des organisations et les conséquences sociales sur l’individu et les collectifs au travail ?
Les contributions à ce numéro pourraient s’inscrire dans un des axes suivants :
Axe 1 : Discours, normes et plateformes
Les plateformes de travail pourraient être appréhendées selon une approche info-communicationnelle comme des organisations constituées par des textes et des conversations à l’image des entreprises salariales classiques étudiées par les approches constitutives (CCO) et les approches communicationnelles (ACO). Or, ces plateformes se distinguent par une organisation spécifique des interactions individuelles et collectives qui doivent s’intégrer aux normes souvent imposées par les propriétaires de ces dispositifs et les injonctions qui les accompagnent (à la réactivité, à la connectivité permanente, à l’agilité) . Dès lors, comment les plateformes imposent-elles de nouvelles normes au travail ? Comment les normes existantes évoluent-elles et s’adaptent-elles à la plateformisation de certains pans de l’activité ? Dans quelle mesure ces plateformes prolongent-elles ou renouvellent-elles l’idéologie managériale ? Quel est le rôle et à quelle réalité correspondent les discours d’empowerment des travailleurs à partir desquels elles se déploient dans les organisations ?
Axe 2 : Management et plateformes
tachment: initial; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Les plateformes sont également le support d’une optimisation des activités organisationnelles. Elles sont ainsi un relais pour les discours faisant la promotion d’un management algorithmique et de la « digitalisation » des méthodes et pratiques de recrutement, de formation, d’amélioration de la qualité et plus généralement de gestion de projet. Dès lors, de quelles reconfigurations, ou au contraire de quelles permanences, les plateformes sont-elles porteuses du point de vue de la communication managériale ? En quoi la notion de plateforme permet-elle de porter un regard nouveau sur des dispositifs connus, à l’instar de la communication dite participative ou des communautés internes professionnelles ? De quelles rationalisations sont-elles finalement porteuses ? Dans quelle mesure contribuent-elles à revigorer l’idée d’une organisation scientifique du travail ou accompagnent-elles une automatisation des tâches possiblement déprofessionnalisante ? Comment les plateformes participent-elles aux injonctions à la production de soi ou au travail collaboratif ?
Axe 3 : Santé et plateformes
La santé au travail, entendue dans ses différents aspects, fait l’objet d’un intérêt croissant en SIC ces dernières années. Or, appliquée aux travailleurs des plateformes, elle reste peu explorée alors qu’elle est plus que jamais problématique en raison d’une absence de législation. Dès la fin du XIXème siècle, plusieurs avancées en matière de droit du travail dont le champ de la santé et de la sécurité au travail, ont constitué le progrès des sociétés salariales. Avec l’émergence des plateformes numériques et de ses travailleurs indépendants, dont le statut reste confus, le paradigme de la santé au travail est remis en question puisqu’il n’intègre pas pleinement ces nouvelles formes organisationnelles. Ainsi, dans quelle mesure les plateformes accompagnent-elles une tendance déjà forte à la responsabilisation des travailleurs vis-à-vis de leur santé? Comment cette injonction à l’autonomie se traduit-elle au niveau de la santé des travailleurs et de leur environnement (sentiment d’aliénation, qualité de vie au travail, addictions, etc.) ? Et de quels dispositifs spécifiques s’accompagnent-elles pour y remédier ?
Axe 4 : Régulations des plateformes et résistances
tachment: initial; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Le numéro est également ouvert aux contributions visant à interroger les luttes et les alternatives que suscite la plateformisation du travail. Les plateformes génèrent en effet des réflexions autour des droits des travailleurs et leurs conditions de travail (droit à la déconnexion, prise en compte de la « fatigue des notifications », dénonciation du travail invisibilisé, actions collectives face à l’ubérisation de certaines activités, injonctions à la formation en ligne, etc.). Par ailleurs, différents acteurs porteurs d’une approche anti-utilitariste et conviviale du travail se sont également appropriés l’objet plateforme, à l’instar du mouvement des plateformes coopératives ou de celui de l’économie sociale et solidaire. Dès lors, en quoi ces plateformes sont-elles porteuses de reconfigurations du point de vue de la régulation ? Que font-elles aux organisations de défense des intérêts professionnels et comment s’approprient-elles les phénomènes info-communicationnels liés aux plateformes ? Quelles alternatives organisationnelles et professionnelles ces dispositifs suscitent-ils ? Et comment celles-ci se démarquent-elles du point de vue communicationnel ?
Références bibliographiques
Abdelnour S., Bernard S. (2020), « Faire grève hors du salariat et à distance ? Les pratiques protestataires des chauffeurs de VTC », Mouvements, n°103 (3), pp.50-61.
Aguilera A., Dablanc L. & Rallet A. (2018), « L’envers et l’endroit des plateformes de livraison instantanée », Réseaux, n° 212(6), pp.23-49.
Alloing C., Pierre J. (2019), « Une approche praxéologique des métriques numériques : mesurer le community management pour quoi faire ? », Revue Communication & professionnalisation, n°9, pp.85-108.
Amato S., Bernard F. & Boutin É. (2021), « Les réseaux sociaux numériques redéfinissent-ils l’engagement ? », Communication Organisation, n°59, pp.231-244.
Andonova Y. (2019), Communication, travail et injonctions à la créativité, mémoire d’HDR en Sciences de l’information et de la communication, Université Bordeaux Montaigne.
Beuscart J. & Flichy P. (2018), « Plateformes numériques », Réseaux, 212, pp.9-22.
Bouquillion Ph. & Ithurbide C. (2021), « La globalisation culturelle et les nouveaux enjeux d’hégémonie à l’heure des plateformes. Le cas indien », Réseaux, n°226-227, pp.71-98.
Brugière A. & Nicot, A. (2019), « À la recherche de nouvelles régulations sociales, entre conflits, mobilisations, lobbying et réglementation », Chronique Internationale de l'IRES, n°168, pp.139-154.
Bullich V. (2018), « La “plateformisation“ de la formation », Distances et médiations des savoirs, n°21. URL : https://journals.openedition.org/dms/2096 [Consulté le 24 janvier 2022]
Cardon D. (2010), La démocratie Internet : Promesses et limites, La République des idées, Seuil, Paris.
Casilli A. (2015), « Digital labor : Travail, technologies et conflictualités », in Cardon & Casilli (dir.), Qu’est-ce que le Digital Labor ?, Ina Éditions, Bry-sur-Marne.
Chaudet B. (2012), « Rendre compte de l’évolution d’une forme organisationnelle : proposition de méthodologie », Communication & Organisation, n°41, pp.147‑155.
Dumas A. (2018), « Injonctions à la promotion numérique de soi et recrutement interne : Logiques de responsabilisation du salarié et enjeux organisationnels », Communication & Organisation, n°53, pp.91-103.
El Bourkadi S. (2021), Plateformes numériques et santé au travail. Le cas des chauffeurs VTC, Thèse de doctorat en Sciences de l’information et de la communication, Conservatoire National des Arts et Métiers.
Flichy P. (2019), « Le travail sur plateforme: Une activité ambivalente », Réseaux, 213, pp.173-209.
Fuchs C. (2014), Digital labour and Karl Marx, Routledge, New York.
Gardère E., Bouillon J.-L., & Loneux C. (2019), « Le ‘collaboratif ’dans les organisations : une question de communication », Communication & Organisation, n°55, pp.9‑22.
Gillespie T. (2010), « The politics of ‘platforms’», New Media & Society, 12, 347‑364.
Gomes B. (2018), « La plateforme numérique comme nouveau mode d’exploitation de la force de travail », Actuel Marx, n°63 (1), pp.86-96.
Hassani N. (2019), « Hyperconnexion des Community Managers : Injonction ou propension ? », Communication & Organisation, n°56, pp.93-107.
Imhoff C. (2019), « L’animation de communauté sur le réseau social d’entreprise : injonction à la collaboration et invisibilisation de la coordination », Communication & Organisation, n°55, pp.91-104.
Jammet T. (2018), « Vers une communication de marque dictée par les algorithmes ? ». Communication & Organisation, n°54, pp.93-105.
Lambotte F., De Meyere D., Andry T., & Dumont de Chassart P. (2018), « L’intelligibilité des données massives de l’activité socionumérique : de la conception du dispositif à la construction de sens en contexte », Communication & Organisation, n°54, pp.149-167.
Larroche V. (2013), « Quelle visibilité professionnelle pour un salarié ambassadeur 2.0 auprès des recruteurs potentiels ? », Communication & Organisation, n°44, pp.53-64.
Matthews J. (2015), « Passé, présent et potentiel des plateformes collaboratives. Réflexions sur la production culturelle et les dispositifs d’intermédiation numérique », Les Enjeux de l’information et de la communication, (16/1), pp.57-71.
Moeglin P. (2014), « L’enseignement supérieur au défi du numérique. MOOC : de l’importance d’un épiphénomène », Futuribles, n°398. URL : https://www.futuribles.com/fr/revue/398/lenseignement-superieur-au-defi-du-numerique-mooc- [Consulté le 24 janvier 2022]
Monfort N., Bogost I. (2009), Racing The Beam: The Atari Video Computer System, MIT Press, Cambridge.
Peirot N. (2020), Penser l’empowerment collaboratif comme un dispositif communicationnel. Le cas des services communautaires des plateformes de consommation collaborative, Thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, Université de Bourgogne.
Pélissier D. (2020), « Les avis de salariés sur la plateforme Glassdoor, pour une lecture critique et contextualisée », Annales des Mines - Gérer et comprendre, 142(4), pp.17-26.
Rouzé V., Matthews J. (2018), “Les plateformes de crowdfunding culturel : entre figures de l’artiste entrepreneur et entrepreneurs polymorphes”, Les Enjeux de l’information et de la communication, 191(1), pp.35-50.
Signorini E. (2019), « Le travail dans l’économie digitale : Le dilemme entre réalité et norme, et les aspects sociaux du travail sur plateforme », Revue internationale de droit économique, (3), pp.315‑327.
Stenger T., Coutant A. (2011), « Ces réseaux numériques dits sociaux », Hermès, n°59.
Vercher-Chaptal C., Acosta Alvarado A. S, Aufrère L., Brabet J., Broca S. et al. (2021), There Are Platforms as AlternativeS. Entreprises plateformes, plateformes collaboratives et communs numériques. [Rapport de recherche] DARES - Ministère du Travail, de l’Emploi et du Dialogue social; DREES. 2021 : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03413930/document [Consulté le 24 janvier 2022]
Calendrier prévisionnel
Calendrier |
|
Date limite de réception des propositions : |
15 juin 2022 |
Sélection des propositions (retour aux auteurs) : |
15 juillet 2022 |
Remise de l’article intégral : |
17 octobre 2022 |
Évaluation par le comité de lecture |
16 janvier 2023 |
Renvoi des articles définitifs : |
15 mars 2023 |
Publication du n° de la revue : |
automne 2023 |
Consignes de rédaction des propositions
Les propositions de contribution seront envoyées par mail avant le 15 juin 2022 aux coordinateurs du numéro :
Chaque proposition de contribution devra comporter :
Les articles définitifs seront d’environ 35 000 signes (espaces compris, hors bibliographie) et devront suivre les normes de soumission de la revue, disponibles sur: https://revue-communication-management-eska.com/contribuer/normes-de-redaction
La revue Communication & Management est une revue classée en Sciences de l’information et de la communication (SIC), ainsi que par la FNEGE (au rang 4).
Co- dirigé par :
Laurent MORILLON, Professeur des universités en sciences de l’information et de la communication, Université des Antilles, Lc2s (Umr Cnrs 8053) - France
Benoit CORDELIER, Professeur titulaire, Département de communication sociale et publique, Université du Québec à Montréal (Uqam) - Canada
Ouidade SABRI, Professeure des universités en sciences de gestion, Iae Paris-Sorbonne, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Laboratoire de recherche Iae Paris-Sorbonne - France
Selon les époques, les théoriciens de l’organisation ont porté un intérêt plus ou moins prégnant et direct à la communication. Son étude en tant qu’objet et réalité observable apparaît dans la littérature académique anglo-saxonne dans les années 1940. L’ouvrage d’Heron (1942) marque la naissance aux États-Unis d’une pensée sur le « discours entrepreneurial » et « la communication industrielle ». Les recherches des années 1950, axées sur les savoir-faire et les outils de communication, se destinent principalement aux dirigeants d’entreprises avec des visées prescriptives ou normatives. Dans les années 1960, les recherches acquièrent, particulièrement en économie, un statut scientifique affirmé. L’« organizational communication » est enseignée pour la première fois comme matière principale dans une université. L’International Communication Association crée une division propre, une revue scientifique est éditée (Journal of Business Communication) et des ouvrages appréhendent la communication de manière originale (par exemple Katz, Kahn, 1966). Dans les années 1970, ceux de Goldhaber (1974) et de Farace, Monge et Russel (1977) fondent le champ qui se formalise dans les années 1980 avec des synthèses (par exemple Putnam, 1982), une généralisation des sections dédiées dans des organisations de chercheurs (Academy of management…) et une multiplication des colloques. Au Canada, les travaux de James Taylor (1993) ouvrent un courant de communication organisationnelle qui, inscrit dans une perspective interprétative et pragmatique, fait le lien entre les recherches francophones européennes et anglophones, notamment nord-américaines (Cordelier, 2016). En France, Le Moënne et Gallot (2015) identifient des publications scientifiques sur la communication des organisations dès les années 1960 : dans la revue Économie et humanisme du Celsa (Paris IV – Sorbonne) ; un chapitre de Moles et Duguet sur les communications dans l’entreprise dans l’Encyclopédie de l’entreprise moderne en 1966 ; un ouvrage de Weiss sur la presse d’entreprise (1971) et un autre de Le Moigne sur les systèmes d’information des organisations (1973). Il faut attendre l’émergence d’une communauté de chercheurs – notamment via des groupes d’étude et de recherche tels « Langage et travail » en 1989 et « Org&Co » en 1994, ainsi qu’une revue dédiée en 1991 (Communication & organisation) – pour observer les premières convergences thématiques, l’apparition de programmes de recherche ainsi qu’une certaine institutionnalisation (Giordano, 2001). Aujourd’hui, les définitions et appréhensions de l’organisation et de la communication sont diverses, les paradigmes, socles théoriques et méthodologiques sont variés (Delcambre, 2008), les problématiques de recherches nombreuses, les postures différentes et les références diversifiées (d’Almeida, Andonova, 2006).
Dans le champ de la communication des organisations - dite aussi organisationnelle - face à « une pluralité quasi-infinie d'objets » (Gryspeerdt, 2004), le numérique constitue depuis plus de vingt ans un thème de recherche à part entière que ce soit en économie, sociologie, sciences de gestion, sciences politiques, sciences du langage ou encore en sciences de l’information et de la communication. L’importance du numérique a donc donné naissance à un courant de recherche interdisciplinaire, appelé Internet Studies (Dutton, 2013), qui s’intéresse autant à Internet en tant qu’objet de recherche qu’aux technologies digitales de l’information et de la communication mises en place. L’environnement technologique a en effet vu l’émergence dans les années 1990, puis la généralisation dans les années 2000, des « technologies numériques » et notamment des nouvelles technologies de l’information et de la communication (Ntic devenues Tic). Les évolutions ont été importantes tant en matière d’ordinateurs, de terminaux mobiles (tablettes, smartphones, portables…), de réseaux (5G, wifi max, hot spot, fibre…) que d’Internet des objets ou encore d’applications. L’actuelle « numérisation généralisée » de la société influence plus que jamais les organisations (Barlatier, Burger-Helmchen, 2019). Le numérique agit sur les activités et les relations en modulant les contraintes d’espace et de temps (Carayol, Laborde, 2019). Il favorise par exemple le travail en réseau, la flexibilisation de la relation de travail, la constitution de communautés de pratiques, la production et la diffusion de savoirs. Il change également les pratiques professionnelles des acteurs dont celles informationnelles (pour tracer, stocker, diffuser) et communicationnelles (Coutant, Domenget, 2015 ; Galibert, Cordelier, 2017). Des données massives produites, distribuées et partagées par une diversité de dispositifs (inter)connectés participent d’une évolution des métiers, des rôles et statuts, des espaces relationnels et des modes d’interactions avec une diversité de parties prenantes.
Dans ce contexte, les recherches en sciences humaines et sociales interrogent cette place grandissante du numérique. Les approches dépassent les « simples » questions techniques en portant intérêt, dans des domaines d’activité variés, aux objets, enjeux, logiques d’usage et pratiques associées, aux rôles et influences des dispositifs numériques… (Barlatier, 2016). Au-delà des mythes, elles déconstruisent, nuancent, parfois remettent en cause certaines idées reçues et/ou discours dominants qu’ils soient technicistes, gestionnaires, managériaux ou étatiques. Dès les années 1990, différents chercheurs (Alter, Crozier, Friedberg, Bernoux…) ont ainsi montré les usages réels (adapté, détourné, rejeté…) d’objets techniques, aussi performants soient-ils. D’autres (Boutary, d’Iribarne, Gadille, Monnoyer…) ont mis en lumière les coûts et inconvénients des Tic quant à la sécurité de l’information, à de potentiels blocages ou perte de temps.
Le présent appel à articles pour la revue Communication & Management, invite à questionner les recherches sur la communication des organisations en contexte de numérisation généralisée au prisme des disciplines et des épistémologies. L’étude critique des processus généraux de constitution des connaissances valables de la science - qu’il s’agisse des postulats, logiques, fondements, méthodes... - permet en effet de déterminer les origines et portées scientifiques et philosophiques des travaux et donc leur valeur (Piaget, 1967). Organisation et communication sont questionnées avec des courants théoriques nombreux et diversifiés qui reposent sur des hypothèses différentes quant à la nature de la société et de la science (Rojot, 2003). En France, en sciences de gestion, la recherche a historiquement eu pour ambition d’expliquer et si possible de prescrire des processus organisationnels afin de guider les actions des dirigeants notamment dans les entreprises. De fait, le fonctionnalisme a d’abord été retenu pour qualifier leurs approches (école classique des organisations, école des ressources humaines…). Mais dans les années 1980, Trujillo et Toth (1987) recensent également la mobilisation de paradigmes interprétatifs et critiques. L’enjeu n’est plus alors forcément l’opérationnalisation pratique et la résolution de problèmes organisationnels mais la proposition de modèles d’explication. L’interprétativisme, emblématique dans les travaux de Weick (1969), fortement mobilisés en gestion comme en communication, est revendiqué dès la conférence d’Alta en 1981 dans l’ouvrage de Putnam, Pacanowsky (1983) qui s’en inspire et aboutit à des développements interdisciplinaires centrés sur l’organisation (Putnam et Nicotera, 2009). En sciences de l’information et de la communication, si les recherches ont d’abord hérité d’un certain nombre de théories positivistes (théorie de l’information, cybernétique…), elles ont exploré dès les années 1990 d’autres épistémologies et ce dans une posture critique en rupture avec les études descriptives ou prescriptives des pratiques professionnelles (Bernard, 2006). C’est ainsi par exemple que l’organisation est appréhendée comme une entité symbolique avec la systémique qualitative inspirée des travaux de l’école de Palo Alto (Mucchielli, 1999) ou que la communication est considérée comme organisationnelle dans une perspective constructiviste avec la théorie conversation-texte (Cooren, Taylor, Van Every, 2006). Plus récemment, Bouillon, Bourdin et Loneux (2008) proposent de caractériser une approche communicationnelle des organisations.
Pour le présent appel à articles, les auteurs et autrices sont invités à contribuer selon trois entrées complémentaires et associables.
Les choix épistémologiques ayant une incidence majeure sur le travail scientifique, ces questionnements sont d’importance. Les articles proposés sont susceptibles de contribuer, d’une part, aux efforts de délimitation et de légitimation scientifiques du champ voire des disciplines et, d’autre part, aux organisation et réorganisation de ce qui pourrait être considéré comme un « désordre » dans les sciences anthroposociales (Berthelot, 2002). Théorie mécanique, école des relations humaines, approches systémique, symbolique, objectiviste ou encore subjectiviste, perspectives structuralistes, instrumentales ou critiques… l’activité scientifique du champ peut en effet apparaître comme une jungle au foisonnement théorique « impénétrable » et « inhospitalier » abritant des « guerres de paradigmes » pour reprendre l’expression de Koenig (2006). En outre, cette situation peut créer une zone de tension épistémologique dans l’articulation organisation / communication, entre le micro et le macro social, l’individu et l’entité collective, l’individualisme et le holisme (Bouillon, 2009). Enfin, les réflexions proposées peuvent favoriser les dialogues constructifs entre les chercheurs de différentes disciplines en dévoilant des logiques structurantes compatibles et/ou complémentaires. En effet, alors que plusieurs disciplines travaillent ce champ, que certains objets et auteurs convoqués sont communs (Weick, Latour, Callon...), le dialogue scientifique demeure limité et les mobilisations mutuelles rares (Laborde, 2005 ; Le Bœuf, 2008 ; Aldebert, Morillon, 2012).
Ce numéro de la revue Communication & Management se propose donc de contribuer à l’enrichissement des travaux sur les épistémologies en sciences humaines et sociales ayant pour objet la communication des organisations. Cet appel est ouvert aux contributions de toutes les disciplines qui travaillent le champ : sciences de gestion, sciences de l’information et de la communication, économie, sociologie, psychosociologie du travail et des organisations…
Aldebert B., Morillon L. (2012), Communication des organisations : comparaison des approches scientifiques en gestion et en communication, RIHM, Vol. 13, n° 2, (numéro spécial), p. 59-77, en ligne : http://europia.org/RIHM/V13N2/4-RIHM13(2)-Aldebert.pdf
Almeida (d’) N., Andonova, Y. (2006), La communication des organisations, in Olivesi S. (dir.), Sciences de l'information et de la communication. Objets, savoirs, discipline, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, p. 129-143
Barlatier P. J. (2016), Management de l’innovation et nouvelle ère numérique-enjeux et perspectives. Revue française de gestion, 42(254), p. 55-63
Barlatier P.-J., Burger-Helmchen T. (2019), dirs., L’organisation digitale, Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels, n°61, Vol. XXV, Eska, en ligne : https://www.cairn.info/revue-internationale-de-psychosociologie-de-gestion-des-comportements-organisationnels-2019-61.htm
Bernard F. (2006), Le laboratoire des sciences de l’information et de la communication. Entre prise, emprise et déprise des pratiques en information et communication, XVe congrès de la Sfsic, Questionner les pratiques d’information et de communication. Agir professionnel et agir social, Bordeaux, mai, p. 1-17
Bouillon J.-L. (2009), Comprendre l'organisation par la communication... sans réduire l'organisation à la communication, 77e Congrès de l’ACFAS, Actes du colloque Nouvelles tendances en communication organisationnelle, Université d’Ottawa, en ligne : https://studylibfr.com/doc/2155295/comprendre-l-organisation-par-la-communication...-sans-r%C3%A9
Bouillon J.-L., Bourdin, S. & Loneux, C. (2008). Approches communicationnelles des organisations : interroger l’organisation par la communication. Éléments de contextualisation. Sciences de la société, n°74, p.3-9.
Berthelot J.-M. (2002). « Les nouveaux défis épistémologiques de la sociologie ». Sociologie et sociétés 30, no 1, 23-38. https://doi.org/10.7202/001063ar
Carayol V., Laborde A. (2019), dirs., Les organisations malades du numérique, Communication & Organisations, 2, n°56, en ligne https://www.cairn.info/revue-communication-et-organisation-2019-2.htm
Cooren F., Taylor, J. R. & Van Every, E. J. (2006). Communication as organizing: Empirical explorations into the dynamic of text and conversation. Mahwah, NJ, Lawrence Erlbaum.
Cordelier B., (2010). Consumer Culture Theory et Marketing. Communication & Organisation, no 37, p. 165-77
Cordelier B., (2016). « Retour sur le concept de transaction : De la sociologie à la communication des organisations en France ». Revue française des sciences de l’information et de la communication, no 9. https://doi.org/10.4000/rfsic.2078
Courbet, D. (2001), Comparaison épistémologique des recherches en Sic et sciences de gestion dans le domaine de la communication externe, divergences et terrain commun, Colloque La communication d'entreprise : regards croisés sciences de gestion et sciences de l'information et de la communication, Nice, 6-7 décembre, en ligne : https://archivesic.ccsd.cnrs.fr/file/index/docid/62539/filename/index.html
Coutant A., Domenget J.-C. (2015), dirs., Le communicateur bousculé par le numérique. Quelles compétences à transmettre, Communication & professionnalisation, n°3, en ligne : https://ojs.uclouvain.be/index.php/comprof/issue/view/83
Delcambre P. (2008), Un état des recherches sur les ''communications organisationnelles'' en France (2000-2007) : l'âge de la transmission ?, Sciences de la Société, n°74, p.11-25
Dutton W.H. (2013), Internet Studies: The Foundations of a Transformative Field, in Dutton W.H., The Oxford Handbook of Internet Studies, W. H.Dutton, eds., Oxford University Press
Farace R., Monge P, Russell H. (1977), Communicating and organizing, Reading, MA, Addison Wesley
Galibert O., Cordelier, B. (2017), Animation et gestion des communautés en ligne : quelles rationalisations du social ? Une introduction. Communiquer Revue de communication sociale et publique. http://communiquer.revues.org/2133.
Giordano Y. (2001), Les recherches en communication organisationnelle : du fonctionnalisme au constructivisme, in Martinet A-C. & Thiétart R-A. (coord.) Stratégies, Actualité et futurs de la recherche, Paris, Vuibert, FNEGE, p.159-174.
Goldhaber G. M. (1974), Organizational Communication, Dubuque, Wm. C. Brown
Gryspeerdt A. (2004), Relations publiques et recherche en communication, Hermès, n° 38, en ligne : https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2004-1-page-148.htm
Heron A. (1942), Sharing information with employees, Palo Alto, CA, Stanford University Press
Katz D., Kahn R. L. (1966), The social psychology of organizations, New York, Wiley
Koenig G. (2006), Théories Mode d’emploi, Revue Française de Gestion, n° 160, janvier, p. 9-27
Laborde A. (2005), Fidélisation et personnalisation. Les nouvelles formes de relations consommateurs/entreprise. Communication et organisation, no 27. https://journals.openedition.org/communicationorganisation/3231
Le Bœuf C. (2008), Le couple "information communication", en SIC et en sciences de gestion, proposition de communication au XVIème congrès de la SFSIC, Les sciences de l’information et de la communication : affirmation et pluralité, Compiègne, 11-13 juin.
Le Moënne C., Gallot S. (2015), Les recherches en communication organisationnelle en France : quelques éléments de bilans et de perspectives, Communiquer, n° 13, p. 123-143, en ligne : https://journals.openedition.org/communiquer/1586#ftn2
Le Moigne J.-L. (1973), Les systèmes d'information dans les organisations, Paris, Presses universitaires de France
Millette M., Myles D., Millerand F., Latzko-Toth G. (2020), Méthodes de recherche en contexte numérique: Une orientation qualitative, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal
Moles A., Duguet M. (1966), Les communications dans l'entreprise, Encyclopédie de l'entreprise moderne, Paris, Entreprise moderne d’édition
Mucchielli A. (1999), Théorie systémique des communications, Paris, Armand Colin.
Piaget J. (1967), Logique et connaissance scientifique, Paris, Gallimard
Putnam L. L. (1982), Paradigms for organizational communication research: An overview and synthesis, Western Journal of Speech Communication, n° 46, p. 192-206
Putnam, L. L., Nicotera, A. M. éd. (2009), Building theories of organization: the constitutive role of communication. Communication series. Organizational communication. New York, Routledge.
Putnam L. L., Pacanowsky, M.-E. (1983), Communication and Organizations: an Interpretative Approach, Thousand Oaks, Sage Publications
Rogers R. (2013), Digital Methods, Cambridge, MIT Press
Rojot J. (2003), Théorie des organisations, Paris, Eska
Taylor J. R. (1993), La dynamique de changement organisationnel - Une théorie conversation/texte de la communication et ses implications. Communication & Organisation 3. https://journals.openedition.org/communicationorganisation/1619.
Trujillo N., Toth E. L. (1987), Organizational perspectives for public relations research and practice, Management Communication Quarterly, vol. 1, n°2, p. 199-231
Weick K. (1969, 1979), The Social Psychology of Organizing. Reading, MA, Addison-Wesley.
Weiss D. (1971), Communication et presse d’entreprise, Paris, Éditions Sirey
Les articles seront sélectionnés sur la base d'un résumé en français de 5 000 caractères maximum (espaces compris) comprenant un titre, trois à cinq mots-clés et une bibliographie indicative (non comptabilisée dans le nombre de caractères). Les auteurs prendront soin de rendre anonyme le corps du texte ainsi que la bibliographie et de proposer sur une page séparée reprenant le titre de leur proposition, trois à cinq mots-clés, leur(s) nom(s) et qualité(s), ainsi que leur appartenance institutionnelle (université, Laboratoire, Umr) et leur adresse électronique.
Les articles retenus feront un maximum de 35 000 à 50 000 signes espaces compris, hors bibliographie et seront expertisés en double aveugle par le comité scientifique.
Les résumés d’articles seront envoyés avant le 1er décembre 2021 aux adresses suivantes :
Les soumissions respecteront les normes de la revue : http://revue-communication-management-eska.com/contribuer/normes-de-redaction
Communication & Management fait partie de la liste des revues qualifiantes des Sciences de l’information et de la communication ainsi que par la FNEGE au rang 4
Dirigé par : Marie-Christine CHALUS-SAUVANET, Professeure des universités, Sciences de gestion, IAE de Lyon, Université Jean Moulin Lyon 3, Magellan.
Les orientations récentes impulsées par les organes législatifs et les codes de gouvernance ont cherché à résorber le déséquilibre de représentation hommes-femmes dans les conseils d’administration et les équipes de direction, et ceci dans la plupart des pays (Terjesen et al., 2015 ; Huang et al., 2020). Malgré cette évolution, les femmes restent, toutefois, largement minoritaires dans les principaux organes de gouvernance des entreprises et des organisations publiques et de nombreux obstacles restent à franchir avant qu’une véritable égalité des sexes soit atteinte (St-Onge et Magnan, 2013 ; Perryman et al., 2016 ; Brédart, 2020). Les chiffres soulignent un défi désormais familier : si le taux de féminisation des conseils d’administration s’est amélioré nettement, les femmes restent largement sous-représentées aux postes de direction exécutive. Les progrès pour changer cette tendance sont primordiaux, mais ils continuent d'être lents (Klettner et al., 2016 ; Boussard et Del Peso, 2020).
La question de la diversité des genres au sein des organes de gouvernance a retenu l'attention de nombreux chercheurs en Sciences de Gestion, comme le démontre la multiplication du nombre de travaux académiques sur le sujet depuis les années 1990 (Moreno- Gómez et al., 2018 ; Hoobler et al., 2018 ; Kirsch, 2018 ; Fernando et al., 2020). C’est, fondamentalement, l’impact de cette diversité sur la performance de l’entreprise et de l’administration qu’il convient d’interroger. La relation entre diversité de genre et performance reste complexe à démontrer, et les recherches actuelles invitent à une analyse indirecte du lien entre mixité et performance, via l’influence de la présence de femmes dans les équipes de direction sur les capacités managériales globales de l’équipe, sa diversité cognitive, le degré de prise de risque dans les décisions stratégiques et opérationnelles, le respect des principes éthiques ou l’application des principes de responsabilité sociétale (Isidro et Sobral, 2015 ; Gomez-Mejia et al., 2019 ; Fernando et al., 2020; Liu et al., 2020).
Il est également intéressant de se questionner sur la façon dont les femmes dirigeantes tirent parti de l’écosystème financier et des réseaux qui les entourent, et notamment la capacité des femmes à convaincre les apporteurs de capitaux, autour de la problématique de l’homophilie de genre influençant la capacité des organisations publiques et privées dirigées par des femmes à obtenir des financements reste à approfondir (Snellman et Solal, 2020). Le fait d’être une femme dirigeante reste associé à une qualité perçue inférieure et à la mise en œuvre par le bailleur de fonds de dispositifs d’évaluation différents (Balachandra et al., 2017 ; Bigelow et al., 2014 ; Kanze et al., 2018 ; Malmström et al., 2017).
A travers cet appel à article « Femmes et Gouvernance », nous entendons contribuer aux différents débats sur la place du genre dans la gouvernance des organisations publiques et privées en démontrant que les femmes y exercent une influence plus importante que celle qui est généralement admise (Dezso et Ross, 2012 ; Huang et Kisgen, 2013 ; Palvia et al., 2015). Nous attendons aussi une meilleure compréhension du rôle des femmes dans le processus de prise de décision, mais aussi la mise en évidence de leviers, autres que juridiques, qui pourraient être actionnés pour réduire les inégalités entre sexes et la précarité des femmes sur des postes de direction (Ryan et al., 2007), pour favoriser l’intégration de la mixité à tous les niveaux de l’organisation (Paustian-Underdahl et al., 2014).
De façon plus large, c’est également le lien entre la mixité dans les organes de gouvernances de toutes les organisations (publique et privée) et les nombreux changements sociétaux que nous connaissons aujourd’hui, qu’il est aussi intéressant d’approfondir. En quoi la féminisation des équipes de directions et des conseils aide à la compréhension de changements de société majeurs, tels que la réduction des inégalités, la responsabilité sociétale des organisations, les questions d’éthique professionnelle, et globalement l’évolution de la place des femmes dans la société ?
Les articles proposés pourront porter sur les thèmes suivants :
Au-delà de ces thématiques, tous les articles témoignant de recherches contemporaines sur les femmes et la gouvernance sont également les bienvenues. Une attention particulière sera portée sur les recherches concernant la place des femmes dans les cercles de décision des organisations publiques et/ou gouvernementales.
Tous les articles doivent être soumis en français ou en anglais à l’adresse suivante : au plus tard le 5 Décembre 2021.
Deux versions (PDF ou Word) doivent être soumises : une version complète de l’article incluant le titre, le nom des auteurs, leur affiliation, leur adresse électronique, un résumé (150 mots max.), les mots clés, la classification JEL et l’adresse de l’auteur correspondant, ainsi qu’une version anonymisée au format :
“paper_FirstAuthorSurname_PaperTitle.pdf” et “paper_Anonymous_PaperTitle.pdf”.
Les soumissions respecteront les normes de la revue :
http://revue-communication-management-eska.com/contribuer/normes-de-redaction
Véronique Bessière, Professeure des Universités, IAE de Montpellier Kirsten Burkhardt, Maître de Conférences – HDR, IAE de Dijon
Didier Chabaud, Professeur des Universités, IAE Paris, Paris 1 Panthéon Sorbonne
Marie-Christine Chalus-Sauvannet, IAE Lyon, Université Jean Moulin Lyon 3
Laurence Cohen, IAE Lyon, Université Jean Moulin Lyon 3
Bérangère Deschamps, Professeure des Universités, Université Grenoble Alpes, IUT Grenoble 2
Emmanuelle Dubocage, Professeure des Universités, Université Paris Est Créteil
Karima Gazouani, Enseignante-chercheuse, Université Mohamed V Rabat
Cécile Godé, Professeur des Universités, Université Aix-Marseille
Michel Kalika, Professeur émérite, iaelyon School of Management, Université Lyon3
Jean-Fabrice Lebraty, Professeur des Universités, iaelyon School of Management, Université Lyon3
Charlotte Le Chapelain, Maître de conférences – HDR, Université Lyon3
Florence Noguera, Professeure des Universités, Université Paul Valéry Montpellier 3
Ewan Oiry, Full Professor, Université du Québec à Montréal (UQAM)
Madina Rival, Professeure des Universités, Conservatoire National des Arts et Métiers (Cnam)
Aurélie Sannajust, Maître de Conférences – HDR, Université d’Aix-Marseille
Martine Séville, Professeure des Universités, Université Lumières Lyon2
Christine Teyssier, Maître de Conférences, IAE de Saint-Etienne, Université de Saint-Etienne
Peter Wirtz, Professeur des Universités, iaelyon School of Management, Université Lyon3
Co-dirigé par :
Dominique MAUREL, Professeure agrégée, École de bibliothéconomie et des sciences de l’information, Université de Montréal
Natasha ZWARICH, Professeure, Département d’histoire, Université du Québec à Montréal
Lise VERLAET, Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, Université Paul-Valéry Montpellier 3, LERASS-Céric (EA-827)
Les enjeux informationnels et communicationnels auxquels font face les organisations publiques et les entreprises privées sont nombreux, qu’il s’agisse de leurs obligations de conformité, de leur réputation envers leurs publics, clients, fournisseurs et bailleurs de fonds, ou encore de leur performance. Ces enjeux incluent notamment des risques liés à la sécurité, l’intégrité et la disponibilité des contenus informationnels (Lemieux, 2013). La co-existence souvent non contrôlée de pratiques et dispositifs individuels et collectifs, au sein d’une même organisation, contribue à entraver la gestion des contenus informationnels et, au final, le développement d’une culture informationnelle commune (Bergeron et al., 2009; Smallwood, 2016). De tels enjeux deviennent critiques dans un contexte où les contenus informationnels, au-delà des technologies qui les soutiennent, représentent des actifs organisationnels essentiels à la réalisation des processus d’affaires (Kooper et al., 2011; MacLennan, 2014).
Plusieurs acteurs organisationnels se partagent – ou peuvent être tentés de revendiquer – un aspect du territoire de l’information et de la communication au sein des organisations, par exemple les spécialistes de l’information, de la documentation, du records management, de la communication, des technologies, mais aussi des affaires juridiques, de la sécurité et de la gestion des risques, ou encore de la vérification interne ou du service qualité. Dans une telle réalité compartimentée, diverses approches se côtoient quant aux référentiels, pratiques et dispositifs disciplinaires à privilégier (informationnels, technologiques, juridiques, etc.) pour assurer la gestion, l’intégrité et la sécurité des actifs informationnels de l’organisation. Plusieurs fonctions d’information-documentation-communication sont ainsi assumées par des unités administratives distinctes agissant souvent sans concertation entre elles, au risque de dédoubler les efforts, de multiplier les directives, dispositifs et plateformes, ou de négliger la prise en compte d’un certain nombre d’enjeux informationnels (Schlögl, 2005; AIIM, 2014).
Une réponse à ces enjeux pourrait bien consister en l’adoption d’un cadre de gouvernance de l’information voué à préciser les principes et règles de base, la structure de direction et les modalités de gestion de l’information pour que l’information soit utilisée de manière efficace et efficiente dans l’organisation (Logan, 2010; EDRM, 2011; ARMA International, 2018). Un tel cadre de gouvernance devrait préciser les comportements attendus (et non seulement souhaités) relativement à la création, au stockage, à l’évaluation, à la disposition et à l’utilisation de l’information (McManus, 2004; MacLennan, 2014) ou, plus largement, des actifs informationnels d’une organisation. Ceux-ci peuvent prendre « différentes formes, notamment numérique (par exemple : des fichiers de données stockés sur un support électronique ou optique), matérielle (par exemple : sur papier) ou en tant qu'information intangible (par exemple : les connaissances des salariés) » et être transmises « par différents moyens, notamment par courrier ou dans le cadre de communications électroniques ou verbales » (ISO, 2018, p. 13). Au cœur de la gouvernance de l’information se trouve le caractère essentiel du contrôle et de l’accessibilité de l’information, de sa gestion rentable, et de la valeur de l’information en lien avec les exigences de conformité et de reddition de compte (Davis, 2010; Kooper et al., 2011). La gouvernance de l’information considère également les problématiques liées à la protection des ressources et des systèmes d’information. L’ensemble de ces préoccupations ainsi que des considérants internes et externes à l’organisation vont nécessairement influer sur le type de gouvernance de l’information retenue (White et al., 2007), laquelle doit s’aligner avec la stratégie organisationnelle (Maurel, 2013; Smallwood, 2014; ARMA International, 2018).
Dans toute écologie ou tout écosystème organisationnel, la stratégie et les dynamiques du pouvoir constituent des incontournables (Davenport, 1997; Letiche et van Mens, 2003; Moore, 2006; Koenig, 2012). L’aspect relationnel de la gouvernance de l’information est primordial. Un cadre de gouvernance, tant sa structure que ses processus, devrait être conçu en tenant compte de l’ensemble des acteurs concernés (Kooiman, 2002), et s’inscrire dans une culture informationnelle partagée (Choo, 2013; Oliver et Foscarini, 2014). Cela implique de tenir compte de l’action collective d’acteurs aux intérêts parfois distincts, qui ont tendance à approcher l’information, les risques informationnels et les technologies en fonction de leurs responsabilités dans l’organisation et des champs disciplinaires dont ils sont issus. De l’action collective de ces acteurs et du consensus qui s’établit doit émerger une gouvernance négociée, celle-ci participant à l’établissement d’un nouvel ordre organisationnel, en l’occurrence ici autour de préoccupations informationnelles (Strauss, 1978, 1992; Friedberg, 1997). Une telle gouvernance de l’information se veut donc globale et transversale, intégrant toutes les fonctions de l’information au-delà des unités administratives et des champs disciplinaires, afin d’éviter des initiatives « en silo ». Elle se veut également interactive et participative puisqu’entrent en considération des notions de participation, de pouvoir et de négociation.
Le pouvoir (ou influence) et les habiletés politiques font partie de la vie en organisation (Mintzberg, 1983; Pavy, 2002) et devraient donc être pris en compte pour prétendre à une gouvernance efficace. Si des jeux d’acteurs pour le pouvoir s’observent dans toutes les organisations, les acteurs n’ont pas tous le même poids politique ni les mêmes capacités à jouer le jeu politique pour s’affirmer comme des joueurs importants, sinon incontournables, de la gouvernance de l’information. Le pouvoir consiste en l’habileté d’une personne ou d’une unité administrative à influencer d’autres personnes ou unités, groupes, etc., de manière à ce qu’ils livrent les résultats escomptés (Bergeron, 2006; Daft, 2016; Moran et Morner, 2017). Il peut être exercé de manière verticale, donc hiérarchique, et s’apparenter ainsi à l’autorité, ou encore de manière horizontale entre les unités administratives.
Les sources de pouvoir sont multiples et doivent être modulées selon le statut occupé par les individus ou les unités administratives dans l’organisation. Au-delà de sources structurelles du pouvoir (légitimité du statut hiérarchique et donc pouvoir d’autorité, assorti du pouvoir de récompense, de coercition et d’information; ressources à allouer, créant une possible situation de dépendance; etc.), des sources personnelles (ou conjoncturelles) sont également à considérer (expertise; compétences; affiliation; etc.) (Ouimet, 2008; Lainey, 2015; Daft, 2016). Quelles sont alors les sources de pouvoir et d’influence réelles des professionnels de l’information-documentation-communication par rapport à leurs « partenaires d’affaires » dans leur organisation ?
Des habiletés « politiques » fondamentales doivent aussi être maîtrisées, par exemple « faire une lecture perspicace de la conjoncture dans laquelle [les acteurs] se trouve[nt] » (Ouimet, 2008, p. 78). Cette lecture se traduit par un questionnement stratégique pour bien comprendre le contexte et savoir exploiter les bases du pouvoir politique en organisation : comment, au sein de cet écosystème que forme l’organisation, se manifestent les jeux de pouvoirs ? Peut-on identifier des acteurs-métiers systématiquement aux manœuvres ou au cœur de problématiques relationnelles de gouvernance ? Quels sont les leviers pour résoudre ces problématiques ? Quels sont l’identité et le rôle des acteurs ? Comment exercent-ils ces habiletés ? Sur quels construits ? En s’appuyant sur quelles ressources ? Peut-on identifier leurs intérêts, leurs enjeux ? Ceux-ci sont-ils individuels ou collectifs ? Ces « luttes de pouvoir » prennent-elles forme dans certains secteurs d’activité, certains milieux et cultures professionnels ? Peut-on dresser une typologie ou tout au moins en extraire des caractéristiques saillantes ? (IIED, 2005; Ouimet, 2008; Lainey, 2015). Les habiletés « politiques », au sein des organisations, sont-elles réservées aux hauts dirigeants ou doivent-elles être mobilisées par les professionnels de l’information, de la documentation et des communications ?
Au sein de ce numéro, nous nous interrogerons également sur les professionnels de l’information-documentation-communication. Ces derniers sont-ils prêts (et/ou préparés) à mettre en œuvre de telles habiletés pour s’affirmer comme joueurs incontournables au sein de la stratégie de gouvernance de l’information de leur organisation ? Peuvent-ils s’appuyer sur des dispositifs et outils pour les soutenir dans cette démarche ? Sentent-ils qu’ils ont les compétences pour ce faire et désirent-ils s’en prévaloir ? Dans un contexte où s’amorce une réflexion sur l’implantation d’un cadre de gouvernance de l’information, où s’affrontent les intérêts des acteurs organisationnels et où doivent se redéfinir les rôles des acteurs dans cette gouvernance négociée, quid du rôle des professionnels de l’information-documentation-communication ? Sont-ils considérés comme des acteurs importants et/ou influents ? Désirent-ils l’être et comment peuvent-ils s’affirmer stratégiquement ? Les jeux de pouvoir, dans les organisations, doivent-ils s’exercer tant aux plans opérationnel et tactique que stratégique ? Quelles doivent être les relations d’acteurs dans l’exercice de ce pouvoir organisationnel ? Quelle image de marque les professionnels de l’information-documentation-communication doivent-ils développer au sein de leur organisation ? Quelles stratégies de défense de leur champ d’expertise (advocacy) doivent-ils conduire pour ce faire ?
Voilà autant de questionnements s’inscrivant dans la thématique de ce numéro axé sur le pouvoir et la stratégie chez les acteurs de la gouvernance de l’information.
AIIM (Association for Information and Image Management). (2014). It’s not information governance, it’s information opportunity. Silver Spring : AIIM.
ARMA International. (2018). Information governance body of knowledge (iGBOK). Overland Park : ARMA International.
Bergeron, Pierre G. (2006). La gestion dynamique : concepts, méthodes et applications. 4e éd. Montréal : Gaëtan Morin Éditeur.
Bergeron, Pierrette, Christine Dufour, Dominique Maurel et Diane Mercier. (2009). La gestion stratégique de l’information. In Jean-Michel Salaün et Clément Arsenault (dir.). Introduction aux sciences de l'information. Montréal : Presses de l'Université de Montréal, p. 183-205.
Choo, Chun Wei. (2013). Information culture and organizational effectiveness. International Journal of Information Management, vol. 33, no 5, p. 775-779.
Daft, Richard L. (2016). Organization theory and design. 12e éd. Boston : Cengage Learning.
Davenport, Thomas H. (1997). Information ecology : mastering the information and knowledge environment. New York : Oxford University Press.
Davis, Judith R. (2010). Information governance as a holistic approach to managing and leveraging information, BeyeNetwork Custom Research Report prepared for IBM Corporation. [s.l.] : BeyeNetwork – A Tech Target Company.
EDRM (The Electronic Discovery Reference Model). (2011). How the Information governance reference model (IGRM) complements ARMA International’s Generally accepted recordkeeeping principles (GARP). [s.l.] : EDRM.
Friedberg, Erhard. (1997). Le pouvoir et la règle : dynamiques de l’action organisée. Paris : Éditions du Seuil.
IIED (International Institute for Environment and Development). (2005). Analyse du pouvoir des parties prenantes. [s.l.] : IIED.
ISO (International Organization for Standardization). (2018). ISO/IEC27000:2018 – Technologies de l’information – Techniques de sécurité – Systèmes de management de la sécurité de l’information – Vue d’ensemble et vocabulaire. 5e éd. Genève : ISO.
Koenig, Gérard. (2012). Le concept d’écosystème d’affaires revisité. M@n@gement, vol. 15, no 2, p. 209-224.
Kooiman, Jan. (2002). Governance : a social-political perspective. In Jürgen R. Grote et Bernard Gbikpi (dir.). Participatory governance : political and societal implications. Opladen : Leske + Budrich Verlag, p. 71-96.
Kooper, Michiel, Rik Maes et E.E.O. Roos Lindgreen. (2011). On the governance of information : introducing a new concept of governance to support the management of information. International Journal of Information Management, vol. 31, no 3, p. 195-200.
Lainey, Pierre. (2015). Pouvoir, influence et habiletés politiques dans les organisations. 2e éd. Montréal : Éditions JFD.
Lemieux, Victoria (dir.). (2013). Financial analysis and risk management. Berlin : Springer.
Letiche, Hugo et Lucie van Mens. (2003). Dyslogistic information ecologies. Management Learning, vol. 34, no 3, p. 329-347.
Logan, Debra. (2010). What is information governance ? And why is it so hard ? Gartner Blog Network. <https://blogs.gartner.com/debra_logan/2010/01/11/what-is-information-governance-and-why-is-it-so-hard/>
Maurel, Dominique. (2013). Gouvernance informationnelle et perspective stratégique. In Viviane Clavier et Céline Paganelli (dir.). L’information professionnelle. Paris : Hermes Science Lavoisier, p. 175-197.
MacLennan, Alan. (2014). Information governance and assurance : reducing risks, promoting policy. London : Facet Publishing.
McManus, John. (2004). Working towards an information governance strategy. Management Services Journal, vol. 48, no 8, p. 8-13.
Mintzberg, Henry. (1983). Power in and around organizations. Englewood Cliffs : Prentice-Hall.
Moore, James F. (2006). Business ecosystems and the view from the firm. The Antitrust Bulletin, vol. 51, no 1, p. 31-75.
Moran, Barbara B. et Claudia J. Morner. (2017). Library and information center management. 9e éd. Santa Barbara : Libraries Unlimited.
Oliver, Gillian et Fiorella Foscarini. (2014). Records management and information culture : tackling the people problem. London : Facet publishing.
Ouimet, Gérard. (2008). Psychologie du pouvoir organisationnel : la maîtrise des habiletés politiques. Montréal : Chenelière Éducation.
Pavy, Gérard. (2002). La logique de l’informel : à la découverte des jeux de pouvoir dans l’entreprise. Paris : Éditions d’Organisation.
Schlögl, Christian. (2005). Information and knowledge management : dimensions and approaches. Information Research, vol. 10, no 4, paper 235, <http://InformationR.net/ir/10-4/paper235.html>.
Strauss, Anselm L. (1978). Negotiations : varieties, contexts, processes, and social order. San Francisco : Jossey-Bass.
Strauss, Anselm L. (1992). La trame de la négociation : sociologie qualitative et interactionnisme. Textes réunis et présentés par Isabelle Baszanger. Paris : L’Harmattan.
Smallwood, Robert F. (2014). Information governance : concepts, strategies, and best practices. Hoboken : Wiley.
Smallwood, Robert F. (2016). Information governance for executives : fundamentals and strategies. San Diego : Bacchus Business Books.
White, Don, John McManus et Andrew Atherton. (2007). Governance and information governance : some ethical considerations within an expanding information society. The International Journal for Quality and Standards, vol. 1, no 1, p. 180-192.
* La revue fait partie de la liste des revues classées du domaine des Sciences de l’information et de la communication (SIC) ainsi que par la FNEGE au rang 4.
Co-dirigé par :
Christophe ALCANTARA, Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, IDETCOM, Université Toulouse 1 Capitole
Francine CHAREST, Professeure titulaire au Département d’information et de communication de l’Université Laval
Alain LAVIGNE, Professeur titulaire au Département d’information et de communication de l’Université Laval
La numérisation de la société est un mouvement de fond qui plonge les organisations et leurs pratiques professionnelles dans l’ère de l’Intelligence artificielle (IA). Ce concept est apparu en 1956, et la littérature attribue généralement la paternité de l’expression à John McCarthy. De façon schématique, l’IA repose sur deux approches distinctes et complémentaires, le cognitivisme et le connexionisme (Benbouzid, Cardon, 2018 ; Jordan, 2018). Le premier fondement, symbolique, repose sur des travaux menés dans le domaine des sciences de l’apprentissage profond (Deep learning). Il tente tant bien que mal de recréer un cerveau «artificiel» à partir de modèles mathématiques et informatiques (Julia, 2019). L’autre, connexionniste, repose sur des approches probabilistes développées dans le domaine de l’apprentissage des machines (Machine learning). Il étudie les connaissances acquises ou développées par différents types d’apprentissage (supervisé, non-supervisé, par transfert, par renforcement, etc.). Ce dernier fondement est appliqué dans la vie « réelle » ; réelle en ce sens que l’univers connexionniste n’est pas conçu par des programmateurs mais qu’[…« il est désormais composé de connaissances qu’il faut aller chercher auprès de spécialistes de différents domaines […], formuler dans un langage le plus naturel possible afin que des utilisateurs puissent interagir avec elles en leur posant des questions» (Cardon, Cointet, Mazières, 2018). Il est alors intéressant de nuancer cette présentation entre les pôles cognitivistes et connexionistes en faisant référence aux travaux de Varela ( Varela, 1988). En effet, si le critère d’évaluation de la cognition reste toujours « la représentation adéquate d’un monde extérieur prédéterminé », Varela développe le concept d’énaction, un paradigme qui insiste sur la dimension incarnée de la cognition qui prend en considération les interactions du sujet avec son écosystème. L’énaction considère alors la cognition humaine comme référant non pas « à la résolution de problèmes au moyen de représentations, mais plutôt [au] faire-émerger, créateur d’un monde ».
Co-dirigé par :
Valérie Bonnet, Maîtresse de conférences (HDR) en Sciences de l’Information et de la Communication, Lerass, Université Paul Sabatier (Toulouse 3)
Pierre Camille-Delahaye, Docteur en Sciences de l’Information et de la Communication, Lerass-Ceric, Université Paul Valéry (Montpellier 3)
Brigitte Sebbah, Maîtresse de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication, Lerass, Université Paul Sabatier (Toulouse 3)
Entendu communément comme l’art de raconter des histoires, comme type spécifique de récit évocateur ou de mise en scène d’un message, ou technique narrative, le storytelling se caractérise également par un flou, signe d’une instabilité tant dans sa forme que dans les contenus qu’il véhicule. Christian Salmon, qui a introduit la notion dans le grand public prédisait dans son dernier ouvrage, L’Ère du clash (2019), la fin du storytelling. Et pourtant, les analyses des campagnes de diverses institutions ou des discours politiques font montre d’une large utilisation de cette communication narrative. Cette mise en avant du récit dans ses usages managériaux, et communicationnels, ne doit néanmoins pas cacher une réflexion davantage ancienne et fondamentale sur la notion, ainsi que le souligne Marc Lits (2012) lors d’un bilan des travaux de l’ORM de Louvain. Citant les travaux de Michel de Certeau (1980), de Gianni Vattimo (1990), les analyses de Louis Quéré (1982) sur l’information postmoderne, les observations du publicitaire Jacques Pilhan (1995) à propos des hommes politiques, les analyses de Jean-François Lyotard (1989) sur l’instrumentalisation de la fonction narrative ou encore les réflexions de Yves Citton (2010), l’auteur montre en quoi le récit touche aux multiples dimensions traversant l’espace public et le vivre ensemble.
Co-dirigé par :
Frédéric AUBRUN, École Européenne INSEEC U., MARGE
Karine BERTHELOT-GUIET, CELSA - Sorbonne Université, GRIPIC
Caroline MARTI, CELSA - Sorbonne Université, GRIPIC
Valérie PATRIN-LECLERE, CELSA - Sorbonne Université, GRIPIC
Ce numéro de Communication & Management vise à questionner les liens entre médias et publicité et notamment à interroger ce que certains chercheurs définissent comme la publicitarisation. Il s’agit de mettre au jour et d’analyser les métamorphoses de la communication marchande et ses conséquences au niveau économique, éthique et symbolique, dans les champs organisationnel, culturel, médiatique et plus spécifiquement journalistique. Pour Patrin-Leclère, parler de publicitarisation, « c’est choisir de scruter ce que la publicité fait aux médias, dans leur forme et dans leur contenu ; c’est penser ensemble la création médiatique et le financement de l’entreprise ; c’est tisser délibérément ce qui est souvent analysé distinctement, à savoir les faits de culture et les questions économiques » (2014, p. 41). La publicitarisation est un moyen alternatif pour les marques de se promouvoir dans les médias. « Un annonceur qui achète moins d’espace publicitaire ne considère pas pour autant qu’il n’a pas besoin des médias pour rendre visibles sa marque, ses produits, ses services : il se préoccupe donc de le faire autrement. Il peut par exemple chercher à entrer plus avant dans le média, à s’immiscer dans le contenu éditorial, par exemple dans le cadre d’un traitement journalistique ou d’un placement de produit » (2014, p. 42), explique-t-elle. Cette publicitarisation des médias englobe toutes les hybridations qui croisent production éditoriale et production publicitaire et peut prendre diverses formes : publi-rédactionnel, publi-information, publi-reportage, articles sponsorisés, etc. Cette adaptation de la publicité au média est désignée par Patrin-Leclère comme une « tentative de gommage de la rupture sémiotique » (p. 50, 2014) : publicité et média ne doivent former qu’une seule et même entité.
Consultez les résumés des articles
des différents numéros et les acquérir
sur le site CAIRN.
Editions Eska
12, Rue du Quatre Septembre
75002 Paris
Tél.: +33(0) 1 42 86 55 55
Site : www.eska-publishing.com